Le cartable vide


Les yeux de Zyad sont rivés sur le fenêtre, il est 5h de matin, sa Maman s’est réveillée à l’aube en lui disant « Zyad, ramasse tes affaires, ils vont venir d’un moment à un autre, l’ordre d’expulsion c’est pour aujourd’hui », dans ce bidon ville de Athis-Mons où un semblant de vie quotidienne s’installe pour 100 personnes, des réfugiés syriens, on croise au moins 60 enfants dépourvus d’école.
Zyad a retrouvé enfin un mur pour sa chambre nomade en partant de sa ville natale Alep il ya trois ans, il a connu les camps de Turquie, le petit bateau en caoutchouc en mer pour la Grèce, les camps provisoires, les tentes de l’UNHCr, la route vers la France, le périphérique parisien, en fin Athis-Mons.
Il commence, à ranger son petit cartable que son papa lui a acheté à l’époque dans le souk d’Alep où il le mettait fièrement sur son dos chaque matin pour embrasser le banc de l’école. Mais le cartable de Zyad, est toujours vide, froid, même en France car Zyad n’a pas le droit d’aller à l’école en France, il a besoin d’une adresse, même si Zyad aime bien le mur de sa chambre qu’il partage avec ses 5 frères et il sait qu’il reste derrière le mur enfermé depuis 1 an sans école et sans savoir. Zyad, le range, soigneusement chaque fois que sa maman lui demande de ranger ses affaires comme la 1 ère fois à Alep après le bombardement et Zyad le fais chaque fois comme une rituel de départ, mais le cartable restera aussi vide pour le mois de septembre, sauf si une solution est trouvée pour ses familles expulsées issues de la guerre !
Et comme je suis en train de lire dans la petite tête de Zyad, (mais pourquoi pas d’école pour moi ?). Ouvrir une école, c'est fermer une prison n’est-ce pas c’est pas pour cela que Victor Hugo a déjà milité et défendu en 1853 ? n’est-ce pas que l’éducation est un des droit préliminaire ?
Zyad fixa le ciel brumeux, comme s’il se récitait ce passage de Victor Hugo en 1853.

« Messieurs, il se coupe trop de têtes par an en France. Puisque vous êtes en train de faire des économies, faites-en là-dessus.
Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous payerez six cents maîtres d’école.
Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes. Savez-vous que la France est un des pays de l’Europe où il y a le moins de natifs qui sachent lire ! Quoi ! la Suisse sait lire, la Belgique sait lire, le Danemark sait lire, la Grèce sait lire, l’Irlande sait lire, et la France ne sait pas lire ? C’est une honte.
Allez dans les bagnes. Appelez autour de vous toute la chiourme. Examinez un à un tous ces damnés de la loi humaine. Calculez l’inclinaison de tous ces profils, tâtez tous ces crânes. Chacun de ces hommes tombés a au-dessous de lui son type bestial ; il semble que chacun d’eux soit le point d’intersection de telle ou telle espèce animale avec l’humanité. Voici le loup-cervier, voici le chat, voici le singe, voici le vautour, voici la hyène. Or, de ces pauvres têtes mal conformées, le premier tort est à la nature sans doute, le second à l’éducation.
La nature a mal ébauché, l’éducation a mal retouché l’ébauche. Tournez vos soins de ce côté. Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l’intelligence qui est dedans puisse grandir.
Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions. »

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