Entre mer et terre
La température élevée qui
balaye actuellement l’Ile-de-France, n’a pas épargné ces 11 abris de fortune
improvisés dans le bidonville d’Athis-Mons. Je visite un de ces abris où s’entassent
3 familles avec des enfants, 4-5 par famille, loin des yeux curieux... Les
habitants voisins n’imaginent pas ces abris, et que certains sont partis à des
milliers de kilomètres de chez eux pour finalement côtoyer la misère.
Je demande des informations
sur leur situation. Myriam m’invite à aller rencontrer Issa, le papa de l’une de
ces familles, l’homme fort de cet abri de fortune ; un visage dur et
marqué par la longue route empruntée depuis cette ville syrienne à la croisée
de la route de la soie.
Je demande à Issa :
« Vous avez combien d’enfants issa ? ».
Issa me répond : « 4 ». Je
note les âges : « 4 ans, 6 ans, 12 ans, … »
Moi : « et l’âge
du dernier ? »
Issa : « Mysan,
elle avait 8 mois et demi quand elle a coulé
dans la mer... Mais Mysan est toujours là » dit-il en posant la main sur
son cœur.
Le visage dur d’Issa se
referme tristement. Je lui demande de nous aider et de nous guider vers les
autres abris. On commence à en savoir un peu plus sur son voyage et comment il
s’est retrouvé dans ce bidonville d’Athis-Mons. Issa me raconte « le voyage
de mort » comme ils l’appellent, « le voyage de mort » dans les vagues
capricieuses de la méditerranée qui a ôté une vie chère à son cœur. La
méditerranée, le grand cimetière des naufragés, qui sont devenus des chiffres,
des inconnus que l’on entasse ; on les palme, on les repousse, on les
ignore sur le périphérique et aux portes de Paris.
Je parle avec lui de la Syrie
perdue. Issa s’écroule, en larmes. Issa un homme fier, une force de la nature,
est maintenant tel une montagne qui s’écroule. « Quand on pleure la mort
d'une personne aimée, n'est-ce pas plutôt l'infortune de sa propre vie que l'on
pleure ? » (Citation
de Adolphe
d'Houdetot)
Il me dit, « Madame, la
terre est devenue pour moi un mirage. Ce que je veux, un toit digne pour mes
enfants, une école pour mes enfants. Je veux vivre comme un homme digne ! ».
Issa, un grand homme pour
les siens, un pilier pour sa famille, mais quand on prend l’océan et que la
terre devient un mirage, on devient un homme démuni.
Je pense à ce grand homme, Charles
de Gaulle (1890-1970) qui dit dans ses Mémoires
de guerre : « Je m’apparaissais à moi-même, seul et démuni de
tout, comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage. »
Chaden DIYAB pour GreenRefugees
signer la pétition !
https://www.change.org/p/scolariser-les-50-enfants-des-r%C3%A9fugi%C3%A9es-syriens-et-les-loger-de-la-cit%C3%A9-de-athis-mons?recruiter=642404870&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&utm_term=autopublish
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