#GreenRefugees J7 Noël



Il faut beaucoup d’amour …
S’il y a bien une chose qui vient à mon esprit en ces temps de brutalité, c’est bien qu’il n’y a que l’éducation pour lutter contre la violence. Si la mission #GreenRefugees a d’abord pour fin d’installer des machines de traitement des déchets et de renouvellement de l’énergie, n’oublions pas qu’elle a également comme but d’apporter une éducation aux 50 enfants présents sur le camp.










Et c’est une tâche difficile à laquelle je me suis attelée. En effet, le budget est malheureusement encore trop faible ; mais au moins les enfants disposent chacun d’un cahier, d’un livre et de quelques stylos. Matériel scolaire sur lequel les enfants se ruaient ; la guerre leur a tout pris.

Ma classe intègre des enfants entre 6 et 14 ans. Une classe que je partage également avec d’autres volontaires anglais qui nous ont rejoint dans notre tâche (deux parents avec leur enfant).

La première chose que je remarquais était l’envie d’apprendre de ces enfants, et toute la passion qu’ils jetaient sur leur cahier neufs et leurs nouvelles affaires scolaires. Une véritable soif d’apprendre.

Nous avons essayé d’instaurer une discipline de classe. D’abord, le respect des autres, pas de violences, ni de vulgarité, ni de vol. Ainsi, des tests en mathématiques, anglais et de culture générale seront mis en place régulièrement, et pour ne pas décourager les élèves, une distribution de sucreries se fait à chaque fin de classe. Une méthode qui s’avère pour l’instant très efficace !


J’apprendrai plus tard dans la journée les malheureux évènements qui frappèrent la France ce jour de fête nationale.


Edgar Morin a dit : « éduquer à la paix pour résister à l’esprit de guerre donne espoir. Deux phrases malheureusement trop oubliées, criantes de vérité. En réformant la connaissance, nous nous donnons les moyens de reconnaître les aveuglements auxquels conduit l’esprit de guerre et de prévenir en partie chez les adolescents les processus qui conduisent au fanatisme. À cela il faut ajouter l’enseignement de la compréhension d’autrui et l’enseignement à affronter l’incertitude. »

Laurent Bigot, un ancien diplomate que je suis disait également : « On est capable de consacrer des milliards à la guerre, des années d’opérations militaires à travers le monde mais sommes-nous capables de ces mêmes efforts pour la paix ? Il est vrai que construire la paix nécessite discrétion, humilité, persévérance et tolérance »








J2 de #GreenRefugees


Soif D’apprendre

Toujours aussi captivés par le contenu des cours, il est désormais clair pour moi que ces enfants ont trouvé désormais le meilleur remède à l’ennui. L’école leur permet en effet de venir à bout de ces récentes années de déconnexion totale, entre la perte de leurs acquis au sein du système scolaire et de l’éducation en société.

« Apprenons à nous renouveler comme le papillon, on évitera ainsi la satiété et l'ennui », disait Henri-Frédéric Amiel. Cette envie de venir à bout de temps d’années déconnecté de la réalité est bien réelle.

Et c’est une tâche bien difficile que de se retrouver avec une classe aux âges mélangés, chaque enfant nécessite une attention toute particulière, non seulement pour son âge mais aussi pour son expérience scolaire passée. Certains ne savent pas écrire du tout, d’autres se souviennent de quelques-unes de leurs tables de multiplications.

J’aimerais parfois que les classes durent plus que les deux heures et demies imposées, car il y a tant de choses à apprendre.


Aujourd’hui nous avons appris ce que la pollution signifiait. Non seulement le mot lui-même mais aussi ce qu’impliquait le geste, ses conséquences, comme jeter une bouteille de plastique à la mer ou par terre qui pouvaient alors contaminer la faune sous-marine.

« Oui mais maman nettoie toujours bien le poisson avant de le manger » un enfant m’a dit.

Il a fallu expliquer également les dangers des micro-plastiques ingérés par les poissons et qui, remontant au sommet de la chaîne alimentaire, atterrissent directement dans nos assiettes.











J3 de #GreenRefugees


Jour 3: le don de soi

Aujourd’hui était le dernier jour des volontaires anglais qui m’accompagnaient, et j’aurais vraiment voulu qu’ils restent plus longtemps. Ils comprenaient réellement ce que signifiait le don de soi.

Ces réfugiés en ont besoin. Ils ont besoin qu’on leur accorde de notre temps, car c’est bien la ressource la plus précieuse dans la vie d’un Homme.

La dame me disait : « ce qu’il se passe aujourd’hui en Grèce nous concerne tous. Qu’on le veuille ou non cela a un impact sur nos vies. Il faut faire quelque chose ».











Et je me rends compte à quel point le don de soi est presque devenu contradictoire à cette société dans laquelle nous vivons. Aujourd’hui j’étais au téléphone avec le responsable d’une grande société française ; dans cette conversation d’une heure à peine, je le questionnais quant à la possibilité de donner du matériel. À cela il répondit qu’il ne souhaitait ne donner qu’au Kenya et ses pays voisins, mais surtout pas en Europe.
Qu’en penser ? Doit-on aller chercher la misère au bout du monde pour être un bienfaiteur ? Qu’en est-il alors de celle qui frappe à notre porte ? Faut-il se voiler la face en admettant que l’Europe ne souffre pas de ces maux ? Que l’Europe soit à l’abri de la violence et qu’il n’y a rien à améliorer en termes d’éducation ? Cela n’arrive pas qu’aux autres.
De mon côté, je continue la difficile reprise de l’apprentissage avec mes élèves.
Dans Le Prophète, Khalil Gibran disait : « Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos bien ; le véritable don, c’est le don de soi ».
#GreenRefugees J4
Jude la résistante

Aujourd’hui certains des enfants sont partis à Athènes afin de déposer des formulaires de demande d’asile. Les autres restaient sur le camp et assistaient aux cours. Quelques mères se sont montrées intéressées par les cours que je dispense ; certaines veulent apprendre les rudiments de l’anglais.


Dans le fil des conversations que j’ai eues avec ces mamans, j’ai pu expliquer les principes des droits de l’Enfant, en Europe, mais aussi les challenges de la cohabitation en Europe, d’où l’importance de l’éducation des jeunes, afin de mieux pourvoir s’intégrer à la société.

#GreenRefugees comprends le besoin d’intégration sociale ; cohabiter et collaborer sur l’avenir de notre planète nécessite d’abord une éducation appropriée et un savoir-vivre en société développé. C’est aussi ce que j’essaie de leur inculquer.





Quand je suis arrivée à la crèche en voiture, une petite fille ne m’a pas quittée du regard. Elle s’appelle Jude. Jude m’a tout de suite fait signe de venir dans la crèche et la voir.


Jude a 4 ans. Elle a perdu ses deux parents pendant un bombardement où elle y perdit l’ouïe. Depuis ce choc, Jude ne parle pas, on ne sait pas si un jour elle reparlera. Sauvée par sa tante, elles traversèrent la Turquie depuis Alep, pour terminer leur voyage ici, à Myrsini.


Jude est si jeune, mais c’est un destin extraordinaire qui l’attends. Je vois en cette fillette un véritable symbole de résistance, de combat pour la vie. Jude représente l’espoir même pour moi : la preuve qu’il n’est pas vain de croire en un avenir plus clair.

Dans son roman Jude l’Obscur, Thomas Hardy écrivait : « Il faut avoir foi en certaines choses. La vie n'est pas assez longue pour faire la preuve mathématique de toute chose avant d'y croire. »



#GreenRefugees
J5 La rose

Dans « Au nom de la Rose », Umberto Eco écrivait : « Personne ne nous impose de savoir. Il le faut, un point c'est tout, fût-ce au prix de mal comprendre ».

Aujourd’hui Nour me tend cette belle rose rouge qu’elle était partie chercher dans le camp. Et elle me serre dans ses bras. Nour est une fille timide ; c’est aussi la seule fille voilée dans ma classe. À chaque classe j’ai l’impression qu’elle ne sent pas à l’aise.





Le 1er jour je me souviens avoir demandé à Nour où elle se situait au niveau scolaire. C’est une question que je pose souvent, et pourtant je ne mesurais pas l’impact qu’elle aurait sur son cœur, et c’est les larmes aux yeux qu’elle m’avouait qu’elle n’avait jamais pu terminer son année. Sur son cahier que j’ai distribué il y a 4 jours, on trouve pleins de jolis autocollants de Barbie et de dessins. Je me reconnais en elle à cet âge. Au fil des cours, Nour commence à s’ouvrir et s’exprimer ; comme sa rose.

Aujourd’hui donc, Nour réussi à écrire correctement les mots que j’avais enseignés la veille. Je pouvais lire la victoire dans ses yeux, une victoire personnelle, celle de dépasser ses peurs.


J’ai aussi écrit les mots « climate change » et en ai donné une explication : son existence, ses origines trouvées dans la pollution par l’activité humaine, l’effet de serre, le CO².


On a fini le cours par un ramassage de bouteilles en plastiques pour joindre la pratique à la théorie.
Le cours se termine sur une distribution de sucreries, leurs yeux scintillent.





Jour 6 : les éléments



“Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme.”


Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.

Il me paraissait important, dans une classe aux âges mélangés, de s’adapter également aux plus grands pour ne pas qu’ils s’ennuient. Aussi je décidais d’apporter quelques notions élémentaires de chimie, comme les différents éléments et leurs formes. Hydrogène, oxygène, nitrogène, H²O, formes solides, liquides, gazeuse.

C’est ma façon à moi de rendre hommage à cette professeure de chimie syrienne que j’ai eu quand j’étais plus jeune, et qui m’a transmis sa passion pour les sciences.


Plus tôt dans la journée, une femme passait dans l’école. Croyant que je ne parlais pas l’arabe, elle demandait à certains enfants si ce qu’on apprenait était vraiment utile. Je lui répondis, à sa surprise, que si j’étais là et que j’avais réussi à construire ma vie c’était grâce à ces matières que j’enseigne actuellement, et que je savais que si ces choses-là ne seraient peut-être pas utiles pour elle, elles le seraient très certainement pour eux.

Je lui demandais si elle savait parler anglais. Elle me dit que c’était le cas. Nous discutâmes un peu et elle à la fin m’offrit son aide ; l’équilibre des éléments était rétabli.






J7 #GreenRefugees


Noël

Aujourd’hui en classe j’ai abordé le sujet des saisons, des mois, des dates et autres repères temporels. Je notais la date « 23 Juillet 2016 ». Petit à petit j’écrivais au fur et à mesure des mois les différentes dates importantes. J’arrivais à Noël, et eu à expliquer l’importance de cette date dans le monde occidental, ce qu’elle signifiait, et ce qu’on fait en ce jour ; c’est-à-dire, pour les enfants, le Père Noël qui survole les maisons et qui dépose des cadeaux la nuit. C’est à ce moment précis qu’une enfant m’interrompit : « Oui bien sûr, les bombes qui pleuvent sur nous c’est ça nos cadeaux à nous n’est-ce pas ? » Stupeur. Je ne savais que dire. Cette phrase, choc, résumait pourtant parfaitement la réalité et le quotidien de ces enfants.

e m’approchais de l’enfant et sa voisine me dit : « c’est vrai madame, nous étions encerclés, nous n’avions rien à manger, ils tuaient tout le monde, et les bombes pleuvaient. Nous sommes partis un soir, les soldats dormaient et nous sommes partis un soir où nous avions réussi à percer un trou à travers les grillages ».


En 1972, le Vietnam subit une campagne de bombardement connue sous le nom de « christmas bombings », les bombardements de Noël, qui joua un rôle crucial dans la négociation des accords de paix qui s’ensuivirent l’année suivante. Cela fait maintenant 5 ans que la Syrie subit ses Christmas Bombings, 43 ans après la guerre du Vietnam, et pourtant, aucune négociation n’aboutit.





Je posais alors mon feutre et les invitais à chanter, comme pour chasser l’écho éternel du fracas des bombes de leurs têtes ; on écrit ton nom, mon pays, sur le soleil levant, on écrit ton nom, mon pays, sur les montagnes invincibles…














La fleur de sable



J8 #GreenRefugees

On peut commencer à apercevoir cette fleur, les lys de mer commencent à émerger à cette saison. Cette fleur protégée perce à travers le sables en douceur pour fleurir , se tournant vers le ciel avec une odeur extraordinaire.

Aujourd’hui, nous avons déposé les panneaux de #GreenRefugees sur le terrain dédié pour la mise en place et l’ installation des technologies ; qui permettront l’optimisation des ressources où les réfugiées habitent et seront aussi utile pour la communauté locale, ceci en présence du maire de la ville et les responsables des camps qui soutienne notre initiative. J’ai également été interviewée par la journaliste Aliz Kolteas de National Herald, un journal de New York pour couvrir notre belle histoire de GreenRefugees. Ce projet, tel le lys de mer, émerge de nulle part, au milieu des sables , et encense la région avec un parfum d’espoir.







Les Heros de #GreenRefugees

Il se fait beaucoup de grandes actions dans les petites luttes. Il y a des bravoures opiniâtres et ignorées qui se défendent pied à pied dans l'ombre contre l'envahissement fatal des nécessités et des turpitudes. Nobles et mystérieux triomphes qu'aucun regard ne voit, qu'aucune renommée ne paye, qu'aucune fanfare ne salue. La vie, le malheur, l'isolement, l'abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros; héros obscurs, plus grands parfois que les héros illustres. Par: Victor Hugo Extrait de: Les misérables (1862)


Merci à nos héros

Dr Nabile Morant le maire de Kilini photo (1,2)

Dr. Dionysia-Theodora Avgerinopoulou f. Member of the Hellenic Parliament, Chair of the Environment Committee of the Parliament (photo1,3)

Aux jeunes de Chambery pour leur don alimentaires ( photo 4,5)
Aux enfants ambassadeurs de #GreenRefugees ( photos 6,7)















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